Le baryton Edwin Crossley-Mercer souffrant sera remplacé par Jóhann Kristinsson pour le concert du 15 octobre.

La splendeur des sons

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La splendeur des sons

Somptueux interprète du répertoire symphonique germanique, Cornelius Meister fera dialoguer, lors du concert du 10 juin, le Concerto pour piano n°2 de Brahms, aux côtés du grand pianiste sud-coréen Sunwook Kim, et La Petite Sirène de Zemlinsky.
Le chef d’orchestre allemand aime l’Orchestre national du Capitole et le fait savoir avec la curiosité, l’énergie et l’élégance qui le caractérisent.

Vous êtes l’un des chefs emblématiques de cette saison. Comment construisez-vous les différents répertoires que vous abordez avec l’Orchestre national du Capitole ?

L’Orchestre national du Capitole est reconnu pour sa capacité à changer de style. J’ai toujours pu en profiter pleinement, ce qui correspond en outre à ma propre sensibilité. Je suis particulièrement heureux lorsque les œuvres dites populaires ne restent pas les mêmes d’une génération à l’autre, mais que certaines pièces encore peu connues parviennent à s’inscrire profondément dans le cœur des auditeurs. Idéalement, il me semble que le public devrait ressortir de nos représentations ému et enrichi au sens premier du terme.

Votre curiosité est notoire. Comme chef, vous abordez aussi bien le répertoire lyrique que le répertoire symphonique, voire la musique de chambre. En quoi ces différentes facettes sont-elles essentielles à votre activité de chef ?

Absolument cruciales ! La spontanéité, le chant et le drame de l’opéra m’influencent également dans la musique symphonique. L’écoute mutuelle et l’engagement réciproque dans la musique de chambre sont également mes idéaux pour les œuvres à grand effectif. En fait, il s’agit toujours du plaisir de faire de la musique ensemble, quel que soit le genre, n’est-ce pas ?

Quels sont les répertoires qui vous touchent tout particulièrement, et ceux que vous aimeriez aborder ces prochaines années ?

J’apprécie les nombreuses possibilités à approfondir davantage le répertoire que je dirige depuis plus de vingt ans : le classicisme viennois, les grands cycles symphoniques romantiques et la musique de la première moitié du XXe siècle. Mais en même temps, je suis toujours en quête active de nouvelles compositions passionnantes, raison pour laquelle je prépare régulièrement des créations. En privé, j’aime énormément le jazz et l’improvisation. Il y a quelques jours, j’ai improvisé des valses au piano dans le foyer du public pendant l’entracte des représentations de La Chauve-souris de Johann Strauss. Certains ont dit que je n’avais pas eu de pause de cette manière, mais pour moi, c’était la chose la plus rafraîchissante que je pouvais espérer.

En juin, Brahms dialoguera avec Zemlinsky. Pourriez-vous présenter La Petite sirène ? Si l’histoire dont s’inspire Zemlinsky est connue, le compositeur l’est un peu moins…

Lorsqu’il compose La Petite sirène, Zemlinsky était amoureux d’Alma Schindler, qui a pourtant épousé Gustav Mahler. Le poème symphonique est plein de sentiments intenses. Le personnage principal y apparaît à la fois vulnérable et très fort, jusqu’à ce qu’il se jette désespérément dans les flots. Du point de vue instrumental, l’œuvre est un sommet de l’époque et trouve des couleurs orchestrales aussi fantastiques que celles de Debussy et Ravel, de Strauss et, plus tard, de Korngold. Ses sonorités orchestrales chatoyantes servent encore de référence aux compositeurs de films hollywoodiens à succès d’aujourd’hui.

Brahms est un compositeur que vous connaissez bien, et que vous avez beaucoup dirigé. Comment comprenez-vous son écriture orchestrale dans le fameux Concerto n° 2 ?

En fait, l’œuvre est une symphonie avec piano et violoncelle obligés, le contraire d’un concerto pour virtuose. L’orchestre est au service du piano, mais le piano est également au service de l’orchestre. Pendant la phase de répétition, nous allons nous intéresser de très près à toutes ces relations mutuelles, afin de créer un grand ensemble commun – un peu comme je l’ai toujours fait lorsque j’ai joué les sonates pour clarinette, violon ou violoncelle de Brahms, où il est également important que deux interprètes égaux se fondent en un tout unifié.

Vous avez noué une collaboration fructueuse avec l’Orchestre national du Capitole. Quel regard portez-vous sur l’effectif, sur ses répertoires, sur la façon dont il sonne ?

C’est très simple à dire : il est à juste titre l’un des orchestres les plus réputés au monde. Je suis de toute façon un fan absolu de la culture sonore française et de son école instrumentale, qui repose sur une tradition si riche. Cette capacité à faire éclater la splendeur des sons, je peux l’obtenir ici, à Toulouse.

Propos recueillis par Charlotte Ginot-Slacik